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Il était une fois... En Egyptis!
En ce temps là, je venais d'arriver en Egyptis. Et le hasard m'avait poussé vers une citée que je ne connaissais pas : Meidoum ! Les premiers temps ne furent pas aisés. Il a fallut que je m'intègre à cette cité où tout m'était inconnu. Me repérer dans ses ruelles, pour retrouver l'APPE, le marché, le palais du nomarque, les ateliers de mes employeurs... Sans parler du soir venu quand je devais retrouver le chemin de ma cabane !
Mes journées étaient rythmées par les travaux des champs, la recherche d'emplois et de formation. Le marché où j'achetais ma nourriture mais où j'aime bien encore de nos jours flâner ; pour y prendre le pouls d'une cité il n'y a pas meilleur observatoire !
Les soirées se passaient à la taverne de l'Oie qui chante ! J'y retrouvais avec plaisir, les personnes qui m'ont accueillies et qui ont fait de moi un vrai mératémoun ! Appo, nomarque de l'époque, Sheitale qui animait la taverne avec ses énigmes, jeu de l'oie et pendu, Marie qui deviendra ma marraine, qui concocte une soupe magique et qui était vice, Nanou notre historienne et ses liasses de papirii, la docte Paprika et son roseau de calcul, mon cousin Benji, Emaelle, Pedro, Eudes, Crousti... Pardon à celles et ceux que j'oublie ! A toutes et tous je vous souhaite un longue et belle vie d'Egypticiens, qu'Atoum vous protège et que Maat guide vos pas!
Un soir, revenant de la boulangerie d'Herriou où je faisais un apprentissage, la chevelure blanchie de farine, les poignets fourbu par le pétrissage, je me dirigeais vers le Nil, afin de me débarbouiller un peu avant d'avaler mon repas et passer la soirée à la taverne.
Près du fleuve, se trouvait quelques caravaniers ayant établi leur camp. J'aime à discuter avec ces étrangers, qui viennent de pays lointains et qui s'en vont vers d'autres contrées lointaines. Mais ce que je vis me glaça le sang !
Un de ces hommes s'apprêtait à égorger un tout jeune chamelon ! Je sautais sur l'homme et nous roulâmes tous deux sur le sol !
"- La paix mon ami! La paix !" Me dit l'homme ! J'avais son couteau à la main et les autres chameliers commençaient à faire cercle autours de nous !
"- Crois-tu que je fais ça par plaisir?" Me dit l'homme qui avait du mal à retenir ses sanglots !
"- Nous avons tous des bêtes malades, sa mère vient de mourir, ni mes compagnons ni moi n'avons de chamelle qui allaite ! Elle va mourir de faim ! Je voulais lui éviter de longues et inutiles souffrances !"
Ne sachant que dire ni que faire devant les lamentations de l'homme, je me suis accroupi à ses côtés. Je lui ai rendu son couteau et j'ai posé une main amicale sur son épaule.
"- Donne la moi!" Dis-je...
"- Hein?" Me répondit l'homme...
"- c'est bien une femelle?
- Euh... Oui!
- Alors donne la moi!"
Aujourd'hui encore, parfois je me demande si j'ai vraiment fait ce que j'ai fait ! Tant tout cela me semble irréel ! J'ai pris le petit animal dans mes bras. Je me suis relevé. Les hommes qui faisaient cercle s'écartèrent pour me laisser passer. Je reprenais la route vers ma cabane avec mon bien léger fardeau! Elle devait effectivement être affamée elle ne pesait rien. J'entendis un homme qui courait derrière moi en criant"
- Hé l'ami ! Hé l'ami!" je m''arrête et me retourne et je vois un des nomades venir vers moi.
"- Tu m'as l'air courageux et généreux. Mais je ne suis pas sûr que tu saches ce que tu fais !
- ...
- Essaye le lait de chèvre. Mais il faut le couper, une mesure de lait pour deux d'eau. Mais ne te fais pas d'illusion. Comme te l'a dit mon compagnon de route, nous avons des chameaux malades. Sans doute une épidémie. Si la mère a contaminé la petite... Ni tous les dieux de l'Egypte, ni ceux de Madian, ni toi ni moi n'y pouvons rien ! Que Baal, Mythra et Enlil te gardent mon ami !
- ..."
Avant que j'ai pu dire quoi que ce soit, l'homme avait déjà tourné les talons et rejoint le campement.
Je décidais de laisser la petite chez moi et passais au marché pour tenter de trouver une jarre de lait. J'étais presque arrivé lorsque je tombe sur Emaelle!
"- Ah! Gandul! Tu tombes bien, je venais te chercher ! Tu viens à la taverne ? Oh ! Mais qu'il est mignon !" Dit-elle en caressant la tête de la petite.
"- Ema! C'est une femelle !
- Elle est mignonne alors !
- Bon il faut que je te laisse. Je dois aller au marché essayer de trouver une jarre de lait.
- Mais tu ne vas plus trouver un seul étal ouvert à cette heure ci ! Et puis tu vas te ruiner mon Gandoulinet"
Ma fortune à ce moment se limitait à une poignée de débens, un champ, une baraque de débris et mon stock était constitué de quelques miches et galettes...
"- Suis moi!"
Je suivis Ema sans discuter. C'était vraiment une drôle de soirée ! En chemin je racontais mes aventures à Emaelle, qui m'écouta attentivement. Nous arrivâmes enfin près d'une construction quelque peu branlante. Apparemment des oies vivaient là !
"- Voici ma ferme Gandul!
- Je ne suis pas maçon Ema... Mais ta ferme aurait besoin d'être rénovée !
- Ca va Gandul !" Me dit Emaelle prenant cet air renfrogné que nous connaissons tous ! Elle me désigna deux jarres de lait posées contre un mur.
"- Prend les Gandul, je te les donne et demande moi quand elles seront vides !
- Merci Ema !
- Mais c'est normal ! Il faut bien que tu nourrisses le petit !
- Euh... Ema c'est une femelle !
- Ah oui ! Mais il faut bien que tu nourrisse... Comment s'appelle-t-elle au fait ?
- Euh... Je ne sais pas... Je n'y ai pas réfléchi...
- Et pourquoi pas Ema ?
- Tu crois ?
- Après tout elle boit du lait qui vient de ma ferme. Non ?
- Oui tu as raison. Alors si ça ne te gêne pas. Je l'appellerais Ema ! C'est mignon en plus !"
Le visage d'Emaelle s'illumina d'un de ces sourire dont elle seule a le secret. Elle prit délicatement la tête d'Ema entre ses mains et déposa un petit baiser sur sa tête.
"- Je vais à la taverne Gandul. Je leur dis que tu ne pourras pas venir ce soir, n'est ce pas ?
- Oui Ema et merci ! Merci pour tout !"
Pour toute réponse Emaelle se retourna et me fit un geste de la main qu'elle faisait tournoyer au-dessus de sa tête tout en s'éloignant, sans se retourner. J'ai regarder s'éloigner sa silhouette ondulante, jusqu'à ce que l'obscurité d'une ruelle la soustraie à mon regard.
Je suis rentré, les jarres sous un bras et Ema sous l'autre. Avec un vieux pichet, une tige de roseau évidée et un linge pour assurer l'étanchéité j'ai bricolé un biberon. Je l'ai rempli en suivant les instructions du nomade. Ema a survécu, Ema a grandi. Elle est devenue une belle et grande chamelle ! C'est la plus belle bête de tout Egyptis et la plus fidèle !
Quand j'ai compris qu'elle était partie avec Dudul le chameau d'Ema. J'ai joué l'optimiste pour ne pas affoler Emaelle. Mais j'étais inquiet à l'intérieur! Je suis rentré chez moi. Je ne cessais de tourner et me retourner sur ma natte ! Au coeur de la nuit, j'ai entendu Ema rentrer et pousser son petit cri qui veut dire tout va bien. Je me suis levé et de la fenêtre je l'ai vue couchée au pied de son palmier habituel. J'ai enfin pu m'endormir tranquille !
Voilà comment Ema est entrée dans ma vie. Un jour si vous êtes sages et si vous me le demandez gentiment, je vous raconterais la suite.